À l’âge de 12 ans, j’ai commencé à fournir du soutien comme aidante naturelle auprès de mon père, qui a des problèmes de santé mentale et de toxicomanie. En tant que personne aidante naturelle, je donnais beaucoup de soutien affectif à mon père et je m’occupais des tâches domestiques, y compris prendre soin de mes frères. Selon moi, et possiblement selon d’autres jeunes personnes aidantes naturelles, je n’avais pas l’impression d’avoir le choix. Mon père avait besoin d’aide et mes frères avaient besoin d’un foyer stable.
Aux yeux du monde extérieur, je n’ai peut-être pas l’air d’une personne aidante naturelle. Mes amis et mes enseignants ne l’ont jamais su. Certains jours, je veillais toute la nuit pour aider tout le monde à la maison avant d’aller à l’école le matin. Des fois, j’étais tellement prise par ce qui se passait à la maison, ou je m’inquiétais de ce qui risquait d’arriver, que l’école n’était pas une priorité. Mes notes en ont souffert.
J’ai appris au prix de grands efforts qu’il est important d’établir et de respecter des limites. Il faut faire attention de ne pas se perdre dans le rôle d’aidance naturelle. À un certain moment, j’ai raté un examen parce que mon père m’a appelé en crise — pour ensuite découvrir qu’il ne s’agissait pas d’une véritable urgence.
Depuis que j’ai quitté la maison pour aller à l’université, je fournis moins de soutien quotidien. Cependant, lorsqu’il s’agit d’une maladie chronique, la guérison est un long cheminement. Je n’ai aucun doute que je devrai de nouveau fournir du soutien, particulièrement durant une crise. Je m’attends toujours à ce que la situation empire.
Je crois que l’un des plus grands défis auxquels sont confrontées les jeunes personnes aidantes naturelles est de ne pas savoir qu’elles sont des personnes aidantes naturelles. Les jeunes personnes aidantes naturelles sont des jeunes de 12 à 25 ans qui s’occupent d’une personne aux prises avec des difficultés et qui subissent souvent des conséquences face à leurs responsabilités. Peut-être que, comme moi, tu n’es pas capable de faire tes devoirs aussi bien que tu ne le pourrais si tu ne jouais pas ce rôle Peut-être que tu ne peux pas passer du temps avec tes amies et tes amis.
Mon plus grand conseil est de ne pas tout faire dans l’isolement, car il y a de l’aide si tu en as besoin. Le soutien par les pairs fait une différence énorme. Ça aide vraiment de parler à quelqu’un qui comprend ce que tu vis. L’autre chose importante est de prendre soin de toi-même. Accorde-toi des moments de répit, même si ce n’est que pour cinq minutes. Trouve ce qui fonctionne pour toi, comme prendre une marche ou écouter de la musique. Moi, je fais de la méditation. Priorise ta santé mentale et physique.
L’aidance naturelle comporte beaucoup de hauts et de bas et m’a touchée de diverses façons. Le fait d’être une personne aidante naturelle m’a rendue plus emphatique et plus à l’écoute des autres, en plus d’accroître ma confiance lorsque j’aborde des défis.
Mon expérience en tant que jeune personne aidante naturelle a totalement façonné qui je suis aujourd’hui. Quand j’ai décidé d’aller à l’université, j’ai choisi le domaine du travail social. Je travaille maintenant en tant que Responsable de la participation des jeunes et des familles qui vivent des problèmes de santé. Je poursuis aussi des études doctorales en sciences appliquées. Mon objectif est de créer des voies d’accès aux soins à l’intention des jeunes aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie. Je fais également du bénévolat en tant que mentor pour l’Organisme de soutien aux aidants naturels de l’Ontario Je veux utiliser mon expérience pour aider à guider et à appuyer d’autres jeunes personnes aidantes naturelles.