Le témoignage d’aidance naturelle d’Amanda

L’événement est survenu un matin de novembre en 2014. Je m’en souviens comme si c’était hier, car il s’agit de la journée où tout a basculé dans la vie de mon père et dans la mienne. Lorsque j’avais 18 ans, mon père a malheureusement subi un accident vasculaire cérébral qui l’a laissé paralysé sur son côté gauche. Cet accident a eu des répercussions sur sa mobilité et sur sa capacité à s’occuper de lui-même.

En tant que personne aidante naturelle, j’explique le rôle de la façon suivante : tout ce que tu ferais pour toi-même tu le fais pour une autre personne. Je dois principalement m’occuper de combler les besoins quotidiens de mon père, comme préparer les repas, couper ses ongles et ses cheveux, lui frotter la peau, l’aider à exécuter ses exercices, l’aider à prendre ses médicaments, lui prodiguer des soins intimes et lui procurer du soutien affectif. Nous recevons aussi l’aide de préposées et de préposés aux bénéficiaires, ce qui comporte bien sûr des avantages et des désavantages. Je ferais absolument n’importe quoi pour mon père. Je m’efforce de lui permettre de conserver le plus possible son indépendance et de trouver des façons créatives de lui permettre d’effectuer ses passe-temps.

Comme mon père utilise maintenant un fauteuil roulant, ma famille et moi avons dû adapter notre maison à ce mode de déplacement. Nous avons également dû acheter de l’équipement spécialisé et d’autres fournitures médicales. Les dépenses supplémentaires et les répercussions financières de l’aidance naturelle passent souvent inaperçues ou ne font pas suffisamment l’objet de discussions.

Bien que cela puisse constituer beaucoup de choses à gérer à la fois, en tant que personne aidante naturelle, on devient naturellement maître dans l’art de la conciliation des responsabilités d’aidance naturelle, scolaires, professionnelles, familiales, personnelles, etc. En outre, il n’est pas toujours facile de trouver du temps pour s’occuper de soi. J’intègre mes soins personnels à ma routine d’aidance naturelle, en partageant un repas avec mon père ou en regardant une émission de télé avec lui. Il s’agit d’une dynamique intéressante que d’avoir le privilège de s’occuper d’un parent. J’essaie toujours de l’encourager et de lui rappeler qu’il est drôle, intelligent, généreux et un très bon père.

Le meilleur conseil que je puisse donner à d’autres jeunes personnes aidantes naturelles est d’être à l’écoute de soi, et de prendre note de ses sentiments. Est-ce que tu ressens de la fatigue, de l’épuisement, le dépassement ou du stress? Félicite-toi pour tes succès — tu fais de ton mieux! Traite-toi avec compassion — ce n’est pas de ta faute si tu te retrouves dans cette situation. En tant que jeune personne aidante naturelle, tu pourrais ressentir de la solitude, mais en fait il y a plus de 500 000 autres jeunes personnes aidantes naturelles en Ontario qui sont dans la même situation. Tu as survécu à toutes les mauvaises journées lorsque les choses ne vont pas comme prévu, et aussi à toutes les bonnes journées. Il est important de reconnaître ta force et ta détermination face à tout ce que tu as vécu et continues de vivre. Mon père dit toujours qu’il ne faut jamais abandonner, et il a raison.

Apprendre à faire des pauses est également vraiment important. L’aidance naturelle peut comporter beaucoup de tâches à effectuer tôt le matin, tard le soir ou encore la nuit. Assure-toi de faire des choses agréables, même s’il s’agit simplement d’écouter ton émission préférée, de dormir, de prendre une douche, d’écouter de la musique, de parcourir les médias sociaux ou toute autre chose que tu aimes faire. Il est aussi important de ne pas garder tes émotions enfouies au plus profond de toi-même. Il est naturel de s’inquiéter au sujet de la personne dont tu t’occupes, de sa santé et de ce que réserve l’avenir. Il est important de trouver le réseau de soutien qui fonctionne pour toi — qu’il s’agisse de parler à ta famille, à une conseillère ou un conseiller, ou encore de rejoindre un des groupes de soutien de l’OSANO. N’aie pas peur de surmonter la gêne et de demander de l’aide.

Honnêtement, le fait d’être une personne aidante naturelle est comme avoir un superpouvoir. Nous faisons constamment des choses pour les autres et nous donnons à autrui. Le lien que tu as avec la personne dont tu t’occupes est tellement fort et spécial que rien ni personne ne peut te l’enlever. Continue de défendre les intérêts des services ou des mesures de soutien dont tu as besoin ou dont ton proche a besoin. C’est un cadeau extraordinaire que d’aimer la personne dont tu t’occupes à un point tel que tu veux l’aider.

L’aidance naturelle m’a enseigné beaucoup de choses sur moi-même. Je suis beaucoup plus patiente, compatissante et emphatique. Mon expérience d’aidance naturelle a aussi influencé mon choix de carrière. Je suis présentement inscrite à un programme de maîtrise en études sur la condition des personnes handicapées. Je veux aider à bâtir un monde plus accessible et plus inclusif pour toutes les personnes handicapées.

Lorsqu’on est une personne aidante naturelle, notre monde a tendance à tourner autour de la personne aidée. Je me rappelle souvent à quel point je suis chanceuse que mon père soit encore dans ma vie et de pouvoir savourer et chérir chaque moment que nous partageons. J’ai vraiment renforcé le lien qui m’unit à lui et je profite tellement plus de chaque jour.

« Honnêtement, le fait d’être une personne aidante naturelle est comme avoir un superpouvoir. Nous faisons constamment des choses pour les autres et nous donnons à autrui. »
Amanda